Le Niva vous connaissez ? Présenté en 1977, la Lada 2121 commence sa carrière sous le nom de Niva qui signifie “champ de blé” en Russe (lire aussi : Lada Niva). Le véhicule est issu d’un projet entamé en 1971 et qui verra le jour après une aide de Porsche, notamment pour la transmission. Rapidement le 4X4 rencontre un succès incroyable y compris dans nos contrées suite à la présentation de cette nouveauté au salon de Paris 1978. Si tout le monde a toujours salué ses capacités offroad et son look inimitable, faisant de lui le tout terrain le plus vendu en France pendant des années, on s’accorde unanimement sur le principal défaut de l’engin : son moteur.
A la sortie du Niva, celui ci est équipé d’un rustique 1600cm3 d’origine FIAT. Il est peu performant pour ce type d’engin, et surtout, terriblement bruyant. Nous sommes dans les années 70 et en l’absence de concurrence sur le créneau du petit franchisseur, les clients n’osent pas se plaindre et surtout Lada n’a aucune intention de remédier à ça. Il faut attendre 1985 pour voir l’arrivée d’une modification avec un 5ème rapport sur la boîte de vitesse, puis 1994 pour l’arrivée d’un nouveau moteur, un 1.7 litres conçu par Lada (en fait une évolution du bloc Fiat) pour se rendre compte que celui ci a les mêmes défauts que son ancêtre. L’arrivée de l’injection mono puis multipoints n’y changera rien : le Niva est condamné à se traîner dans les côtes, tout en faisant un bruit d’engin agricole et en consommant l’équivalent d’un Soyouz au décollage. Non seulement le moteur est mauvais, mais il est peu fiable et l’absence de Diesel est un vrai handicap sur ce marché.
Au début des années 90 le constructeur Russe en prend conscience et se tourne vers le champion du diesel, le groupe PSA. Excellente idée, les moteurs Peugeot sont incassables, les pièces faciles à trouver et leur réputation n’est plus à prouver. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. Le moteur choisi est le 1.9 l de 64 chevaux. Définitivement trop faible, ce moteur ne comble pas les attentes et le résultat est catastrophique. Les performances sont encore moins bonnes que sur le modèle essence, le surcoût à l’achat est important et l’adaptation du moteur français dans la petite Russe pose de gros problèmes de transmission. En 1998 on arrête les frais, le Niva n’aura jamais de moteur à hauteur de son talent. Il y aura bien une tentative avec la version turbo Diesel PSA mais à l’époque Lada affronte la fin de l’URSS et se prend l’économie de marché en plein fouet. ll y a plus urgent du côté de Togliatti (lire aussi : Lada, Fiat et l’usine de Togliatti).
Et si ce Niva Diesel parfait existait depuis longtemps? Dernièrement je suis retombé sur une publicité parue dans 4×4 Magazine datant d’une quinzaine d’année et vantant les mérites d’un préparateur pour Niva. La société CML Périquet basée à ETAIN dans le 55 transforme depuis le début des années 80 les Lada Niva en diesel à moteur Renault. En trainant sur les forums je me suis aperçu que cette préparation était très connue et appréciée des Ladaïstes. Loin d’être un bricolage réalisé par des originaux, le Kit Périquet est homologué par l’UTAC depuis des années avec passage au crash test et vérification des entrailles. Il existe deux versions de cette transformation. Le kit atmo reprend la motorisation Renault de 74 chevaux et 14.2 mkg de couple des Renault 21 et Renault 25 Diesel. Le Kit Turbo lui laisse prendre place au moteur de 88 chevaux et 18.4 mkg de couple des Jeep Cherokee ou Renault Espace de l’époque. Toutes les pièces nécessaires au changement de moteur sont fournies ainsi qu’un nouveau disque d’embrayage. La roue de secours prend place sur le hayon arrière grâce à un astucieux support breveté par le patron. Résultat, le pneu n’est plus soumis à la chaleur du moteur, la répartition des masses est meilleure et le comportement routier très sous vireur du Niva s’améliore.
En 1995, Tout Terrain Magazine avait essayé le Niva CML Périquet. Le résultat était tout simplement bluffant. Le principal défaut du Niva est gommé avec des performances enfin à la hauteur. Les reprises sont atomisées et le Niva reprend à tous les régimes, y compris à 120 sur autoroute. Ca peut paraitre bête mais essayez de rouler à plus de 120 km/h avec un Niva sur une autoroute. Sur l’anneau de Montlhéry le Niva prend un 140 chrono. La consommation passe de 13 à 8 litres au cent, et le volume sonore est nettement plus supportable malgré le passage au diesel. Ceux qui sont déjà montés dans un Niva de série savent que celui ci partait de loin.
Je ne résiste pas à l’idée de vous retranscrire en partie l’argumentaire de l’époque :
“Pourquoi transformer votre Lada Niva en Diesel ou Turbo Diesel?
1/Vous économisez 5000 francs grâce au Diesel tous les 10 000 kms!
2/Vous récupérez le coût de la transformation lors de la revente de votre Niva!
3/Les performances s’envolent. Les Niva essence et diesel de série sont nettement distancées!
4/La Fiabilité ! Le moteur peut effectuer allégrement un kilométrage de 250 000 kms contre 80 000 pour le moteur Lada.
Je pensais que ce préparateur avait disparu depuis longtemps mais par acquis de conscience j’ai appelé le numéro sur la brochure. Sachez que CML Périquet existe toujours ! Même si l’activité de transformation a fondu au rythme du nombre de Niva en circulation, il est toujours possible de faire transformer son petit bolide Russe. A condition d’avoir un modèle 1600, l’homologation est toujours valable. Il vous faudra trouver un moteur Renault diesel de R18, Trafic, R20, R21, R25 Espace, Cherokee ou même Fuego ! Il est aussi possible de faire appel à un échange standard. Pendant que j’avais le patron au téléphone, j’en ai profité pour lui demander combien il avait transformé de Niva au cours de sa carrière. “Impossible de compter, mais plusieurs milliers !”.
Lada en avait rêvé, ce petit garage l’a fait.
Aujourd’hui le Niva est toujours produit, il reçoit régulièrement de nouvelles modifications mais son look est inchangé ou presque et son offre moteur se limite toujours au 1.7l. Lada appartient désormais à l’alliance Renault-Nissan. Un nouveau modèle est en développement et devrait sortir en 2018, 40 ans après l’arrivée de son prédécesseur en France. Ironie du sort, le nouveau Niva est annoncé avec…un moteur Renault!
Sur le même thème, lire aussi : Lada Ivry, le gardien du temple
13 Comments
Il y en a un à vendre sur leboncoin une fortune d’ailleurs : https://www.leboncoin.fr/voitures/1040720239.htm?ca=15_s
En effet c’est de la folie !
Excellent article…
Effectivement ironie du sort que le futur Niva est des moteurs Renault. . D’ailleurs, il sera dérivé du Duster..
+1 , Intéressante cette article !
Je viens de faire l’acquisition d’un NIVA de 2004 essence 1.7 i.
C’est mon nouveau jouet et il fait l’unanimité à la maison par sa bonne bouille.
Le CT est passé et maintenant je m’attaque à l’intérieur …
Ah, sinon un truc, un Niva n’est pas fait pour rouler sur une autoroute, c’est juste un vrai 4×4 !
Tu as bien raison le Niva c’est pas fait pour l’autoroute. Tu es dans quelle région ?
16 Charente / Angoulême 😉
C’est marrant votre image en tête d’article me fait penser à la BX 4TC qui sert d’enseigne à une casse (dont l’historique serait à approfondir d’ailleurs) : a savoir un truc devenu suffisamment rare pour que le passionné BR s’y interesse mais que le badaud prend pour quelque chose de totalement banal. Même à la campagne je ne vois plus de Niva surtout 1ère série, franchement collector ce Ruskov.
Ouais enfin le pb c’est pas que le moteur…
ça rouille bien aussi…
C’est pas cher, mais ça vaut pas plus.
pourquoi cette remarque ? en as-tu eu un ?
Je trouve que ça tiens pas mal pour un véhicule qui aime roule dans la boue, dans l’eau, … celui que j’ai a 12 ans de travaux derrière lui (entretien forestier) et il est plutôt bien portant !
Je ne suis pas un spécialiste du Niva, mais quand on regarde les annonces, on voit tout de suite que ça rouille de partout et que les moteurs ne vont pas bien loin. La conception est ancienne et l’anticorrosion n’a pas été mis au goût du jour.
Et pour aller en Russie régulièrement, et pour parler avec des Russes, je sais que c’est pas super solide. D’ailleurs l’armée russe n’en veut pas. Ils ont des UAZ encore plus rustiques et bien plus costauds.
Par contre en Russie, les Niva ont des garde boues en plastiques dans les ailes que je n’ai jamais vues en France. Visiblement elles sont mieux protégées.
Ceci dit c’est pas cher… Il faut juste pas s’attendre à la qualité d’un Mercedes G quand on l’achète. ça consomme beaucoup aussi (en Russie ce n’est pas un pb, l’essence coute que dalle puisqu’ils en produisent, ce qui explique aussi la volonté des USA de déstabiliser le pays depuis quelques années …)
merci pour cet article,intéressant. il me tarde de voir ce nouveau/ancien Niva motorisé par Renault ;effectivement il a une sacrée bouille et se démarque réellement de ces 4×4 …de ville ,ayant un look sans âme, aussi fade que celui des autres véhicules actuels,toutes catégories confondues.
Ah le J8S, ça c’est du moteur, par ces daubes de dci…
Ma 21 a fait 400000 avant de partir à la casse pour caisse rouillée….
Excellent article
Mais, quelque chose me travaille…
Quand on tape Niva CML Periquet, on Les voit avec un 2.1 (le fameux 2.100 Renault qui équipait aussi les Cherokee XJ j’imagine ?)
Du coup, qu’est-ce qu’il en est de ces Lada 2.100 ?
C’est du bricolage « connu » et « fréquent » ou c’est de l’officiel intervenu plus tard ?