Le petit cube, c’est un monde à part. Que dis-je, c’est tout un univers. En abordant le sujet avec son article sur le mythique Peugeot 103 (lire aussi : Peugeot 103), Paul a ouvert le boîtier (rouge) de Pandore, il a effleuré le Graal de la pétoire à deux temps française : la mob, le cyclo, le 50 à variateur, la brêle, la meule… Bref le plus populaire des engins motorisés qu’on puisse trouver au pays de Molière et du pinard. Oui ! Encore plus popu que la deuche et la 4L réunies, parce figurez vous, ma bonn’dame, qu’un cyclomoteur, ça se conduit sans permis, sans immatriculation et à (presque) tout âge, qu’on marche avec une canne ou qu’on soit encore puceau (ou les deux) ! Enfin, ça c’était avant parce que maintenant il faut l’immatriculer et il faut aussi un brevet pour pouvoir faire le kéké sur un brêlon. Pire, maintenant, sur une 50 ‘faut passer des vitesses, avec un embrayage et tout le tralala. Heureusement, une poignée de petites chiottes résistent encore et toujours à l’envahisseur technologique. Il y a le fameux 103 Peugeot et tout un tas de petits scooters, dont le roi international et incontesté a toujours été, est, et sera toujours la Vespa italienne. Mais c’est bel et bien chez nous, en France, que se trouve son dauphin : le MBK Booster.

Un prototype du BW’s en pleine action !
Un MBK Booster c’est un châssis et une carrosserie de scooter juchés deux petites roues de 12 pouces à gros pneus genre boudins-tout-terrain. Plutôt minimaliste, le Booster est léger, très léger : à peine plus de 80 Kg tout mouillé, de quoi donner des ailles à son petit mono-cylindre 2T à air (d’origine italienne, quand même), même en configuration strictement d’origine (5,8 cv). Bref, le Booster a tout pour réussir, il est simple, économique et efficace. « Cocorico ! » Ai-je envie de dire… Sauf que le Booster n’est pas né en France, mais au Japon.
Par une douce soirée de 1985, une bande de jeunes cadres dynamiques refait le monde sur la plage de Iwata, à deux pas de Hamamatsu, fief du géant Yamaha Motor. Ça parle dune-buggy, ATC (ou ATV, vous savez, ces sortes de motos affublées de trois énormes roues) et on se dit que ça serait sympa de créer un scooter un peu fun, un scooter qui aurait une tête de « scooter-pour-aller-à-la-plage ». Les jeunes en question sont justement ingénieurs, responsables produit et designers chez Yamaha et ils reviennent d’un voyage d’étude à travers tout le pays. Le thème de la fameuse étude : le comportement et les besoins des utilisateurs de scooters. Et quelques jours plus tard, après présentation des résultats de leur étude et de leur rêverie de plage à la direction de Yamaha Motor, le concept devient projet.

Yasutoki Matsuno, l’un des créateur du BW’s
Tandis que Yasutoki Matsuno-San planche sur la technique, c’est ce bon vieux Masakazu Nakamichi-San qui s’attaque au design et à la réalisation d’un prototype. Nakamichi n’en est pas à son coup d’essais puisque c’est à lui qu’on doit l’ancêtre du scooter à grosses roues : le Chappy. L’équipe travaille d’arrache pied et Yamaha présente son scooter de plage au salon de Tokyo 1988. Il est appelé BW’s : un B pour Big, un W pour Wheels et un ’s pour la sonorité – ça se prononce « biwiz », un peu comme Big Wheels, c’est drôle, c’est kawaï (mignon en japonais), c’est branché… Bref, c’est fun. C’est fun et surtout c’est destiné avant tout aux marchés japonais et nord-américain, là où les ATC et leurs grosses roues font un malheur sur les plages et en tout-terrain.

Un ATC Honda qui cartonnait à l’époque
Mais le BW’s arrive avec 5 ans de retard. Aux US, l’ATC, remplacé par le quad, devient soudainement ringard et au Japon, l’univers du scooter, essentiellement utilitaire, peine à s’approprier ce petit engin d’un genre nouveau. Pour un peu c’en était fait du BW’s. Mais heureusement, Jean-Claude était là. Parce que, pendant ce temps là, en Europe, Jean-Claude Olivier, Président de Yamaha Motor France regarde le BW’s d’un autre œil. Lui il le kiffe bien le petit scoot et ses gros boudins. Et quand Jean-Claude a un truc en tête, il fait pas semblant. Il va lancer le BW’s en France et pis c’est tout.

Le BW’s en 1990 !
1990, après avoir fait transférer toute la chaine de production japonaise chez MBK, à Saint-Quentin (rien que ça), le BW’s démarre sa carrière française. Pour que MBK ne soit pas en reste, la marque à elle aussi le droit d’exploiter le petit nouveau. Sur ces entrefaites, Sasha Lakic débarque et dit que le MBK, on l’appellera Booster (lire aussi : Entretien avec Sacha Lakic). Dont acte. La suite est une totale success-story. Le BW’s / Booster déferle sur l’Europe comme les vagues sur la plage de Malibu et lance une mode qui mettra plus d’une décennie à s’essouffler. Depuis lui, les scooters sont partout. En 1993, fait inédit sur le marché du cyclomoteur, il se vend même plus de scooter que de mob’ (Peugeot 103, MBK 51 et consorts). Après plus de 30 ans de règne, la reine est détrônée. Pendant les années 90, le petit scoot à grosses roues devient un vrai phénomène de société. Il envahit les banlieues chics et les cités, les villes et les villages, à la montagne comme à la mer. À l’époque (et encore beaucoup aujourd’hui), l’ados roule, drague, stunt, s’éclate (dans tous les sens du terme) en Booster, avec cette dégaine bien particulière, les pieds en avant, le cul en arrière et le blouson dans le vent. Vraiment, le Booster a marqué le paysage urbain d’une empreinte au moins aussi durable que celle de jadis le roi Solex et un peu plus tard la reine mob’.

La version française, le MBK Booster !
Preuve de son succès, le Booster est toujours au catalogue, chez MBK comme chez Yamaha. En un peu plus de 25 ans de carrière, il a eu le temps d’évoluer (BW’s R / Booster Road, 1994), de se décliner (MBK / Yamaha Next Generation, 1995), de se perdre (MBK Rocket / Yamaha Spy, 1996) et de se retrouver (BW’s / Booster Spirit, 1996). Les chiffres de vente ont de quoi laisser rêveur pas mal de fabricants de deux roues présents sur le marché européen… En 1999, l’usine de Saint-Quentin fête la production de son millionième scooter (BW’s et Booster cumulés). Je ne vais pas vous lister les chiffres de vente par année et par pays, mais plutôt vous dire que l’engin est aujourd’hui omniprésent sur le marché de l’occasion et, à l’instar d’une 2cv, d’une Renault 4cv, ou d’un certain Honda Cub, le BW’s / Booster est un petit deux roues dont l’histoire, de sa genèse à son incroyable succès populaire, est si riche qu’il mérite tout autant sa place dans une collection que sous les fesses de madame / monsieur Lambda pour leurs trajets quotidiens.
Bien sûr on en trouve à tous les prix, de quelques billets pour un modèle d’occasion à un peu plus de 2000 € pour un neuf. Si on est un peu exigeant, le plus dur est d’en trouver un en bon état d’origine… Beaucoup ont subi les affres du tuning. Enfin, Graal du Graal, un modèle 90, Yamaha pour ceux qui veulent l’original, MBK pour ceux qui veulent le petit frenchy, strictement d’origine… Très très très difficile à trouver, mais pas impossible et dans ce cas, comptez un billet de 1000 tout au plus. Et dire que le ‘biwiz’ a failli mourir aussi vite qu’il était né… Mais heureusement pour lui, Jean-Claude était là. Allez, pour une fois : COCORICO !
Texte: Thierry Vincent
30 Comments
Version Française fabriquée à St Quentin (02) dans les « anciennes » usines Motobécane J’ai eu l’honneur en mi 89-90 d’en « exploser » un des premiers exemplaires commercialisé (eu égard aux fonctions du Padre) sur la digue du Touquet face à l’ Aqualud. Bon souvenir d’ado (inconscient) . Je préfére cepedant un » Chappy »
88-89 excusez Moi, c’est l’émotion 😉 J’aimais aussi beaucoup les Cyclos » CIAO » plus BCBG que les 103 à la même époque .
Ah oui, le Ciao !!! Je m’en rappelle bien de celui là. Allez hop, ajouté à la liste. Merci monsieur lelillois… Mais qui se cache derrière ce pseudo ? (TDS, est-ce toi ?)
Roh lalalaaaa ! Toute ma jeunesse !
J’en ai eu 2 et ai failli laisser ma vie sur le second….
Petit boulette dans l’article, il était en 10″ au départ et non 12″ 😉
Ce ne fut bien plus tard (2000 ?) Qu’il fut proposé en 12″ voir même 13″ je crois ?!
Merci pour la précision, on va rectifier ça 😉
Rhaa, les souvenirs… les kits 80, les pots de compets, les coques à effet miroir. Les weelings, les stopies, les burns,(si si)
le 120 compteur bagnole qu’on prenait, les keufs qu’essayaient de nous serrer et qu’on finissait par semer dans les ruelles, le voisinage qu’on faisait chier, la rue devant le bahut transformée en piste de stunt les meufs qui voulaient pas monter avec nous en disant qu’on était des oufs et des kassos. Si on avait su que c’était une bécane de plage genre Vanvan, on l’aurais joué en mode surfeur, pas en mode caillera. Booster c’était devenu un nom générique.
Putain ouais je m’en souviens
Les pots bidalot avec du bleu chromé sans laine de roche
Pour les plus téméraires c’était malossi
Et après tu avais les autres avec des Derby ou des tzr (beaucoup plus classe que les aprilia rs)
Bref j’avais un tzr acheté en Espagne donc débridé d’origine (un petit 105 compteur) que j’ai affublé d’un pot leo vinci par la suite qui faisait un bruit de tous les diables
Ah c’était le bon temps…
Avec un pot Fresco, un carbu de 19″, une boîte à « clapets » et des pneus Metzeler on s’amusait bien
Et un cornet et des plus gros gicleurs
J’avais un pote qui en avait un et le pauvre scoot n’était plus du tout d’origine
Pot fresco je connais pas par contre
Je n’ai jamais compris pourquoi MBK et Yam’ ne l’ont jamais sorti en 125
Maintenant que les ados (attardés !) des années 90 sont au moins trentenaires, j’imagine qu’il y aurait de la clientèle pour celui ci
Il y a eu un BW’s 125, mais beaucoup plus tard, vers 2010 je crois. Par contre, il n’a pas vraiment un air de famille, son esthétique est très différente.
Mêmes copier pas les chinois aujourd’hui le booster nationale
By Paul / Texte: Thierry Vincent
z’avez toujours pas trouvé le mode d’emploi de wordPress ? 😀
Demande à Thierry qui a sans doute eu du mal avec ses pass 😉
Ouais… Faut que j’aille voir comment ça se passe.
Il a existé en 100 dans les années 90.
Pour être concessionnaire MBK, il se vend toujours BIEN !
Mais sa mort est annoncée avec l’arrêt des 2 Temps.
Sinon, il a su évolué mais il est dépassé. PAS moyen de ranger un casque, piètre confort, protection contre LA pluie et le vent bulle…
Un vrai YOUNGTIMER
À noter aussi l’arrêt prochain du VanVan…
Il y a eu un 125 aussi, non ?
Salut,
Faut quand même dire que c’était une belle « bouse » ce booster/bw’s!
Pas de freins, tambours minuscules avant l’arrivée du frein a disque très tardivement, pas de coffre, gabarit minuscule (j’arrivais pas a caser mon 1,8m entre le bout de la selle et le guidon), le duo j’en parles pas…
Les suspensions, j’en parle pas, le minuscule reservoir non plus… Je nai jamais compris pas son succès! Il y a des raisons que la raisons ne comprends pas parait-il!
Perso moi je roulais en Peugeot Buxy, bien plus gros et confortable, et pas moins fun! Quelle époque!
On pourrait dire la même chose d’une Mini 😉
« Aux US, l’ATC, remplacé par le quad, devient soudainement ringard »
Il a surtout été interdit aux USA en 1987 pour cause de trop d’accidents.
Merci pour cette précision jmg !
La puissance du 1er modèle était de 4,6cv.
Vérifié sur le catalogue d’époque 😉
J’ai racheté un Booster de 1990, en « water green », tout d’origine, je ne le vendrai jamais!! 🙂
Aaah la valse des chiffres. Merci pour cette précision Martin. Et bravo pour achat 😉
Il existe aussi en 125 pour les grand garçon. Mais toujours sans vrai coffre, confort relatif, vif mais vitesse max limite ( environ 90km/h )
Bonjour, pouvez-vous retire l’image ayant pour illustration « Le MBK Booster Spirit aujourd’hui »
J’ai fais le montage et ne souhaite pas que vous l’utilisiez.
Image retirée selon vos souhaits, nous respectons les crédits tant qu’il est possible de le faire (pas toujours évident vous l’avouerez) 😉
En effet 😉 Je vous remercie, j’apprécie. Bonne continuation !
Mille excuses ScooterMag. Je suis l’auteur de l’article, je pensais que cette image provenait directement de chez MBK, si j’avais su je ne l’aurais pas utilisée. Merci de nous l’avoir signalé et merci Paul de l’avoir retirée rapidement.
[…] y a l’incontournable BW’s, né sous la forme d’un concept de scooter de plage (lire aussi : Yamaha BW’s). Quoi qu’il en soit, si le X-ADV n’est pas le premier scoot à jouer la carte des gros pneus, […]
Bonjour, je cherche des infos sur le booster : date de sortie du premier booster en production francaise, photos et équipements d époques. Si quelqu un a des infos ou des liens de forum/communauté de passionnés/connaisseurs? Merci