Enfant d’une Passat CC et d’une Phaeton, l’Arteon en impose. Que vaut elle en usage réel ? Mérite-t-elle le statut de premium ? Ce modèle est il en position de réussir là où ses aînées étaient coincées par le plafond de verre Audi ? Niko est parti dans le sud de la France pour l’essayer.

La Sport Coupé Concept GTE de 2015, qui préfigurait l’Arteon
La voiture du peuple d’en haut
Etymologiquement, Volkswagen signifie “voiture du peuple” (lire aussi : Petite histoire de Wolfsburg). Au fil des années, la vocation populaire des productions de Wolfsburg s’est peu à peu éloignée de ses racines pour devenir synonyme de voitures “pas données”. Au point d’inspirer son tout puissant patron au début des années 2000 avec la Phaeton. Un beau jour, Ferdinand Piech décida que VW pouvait sortir une limousine sous son blason. Tant pis pour ceux qui n’étaient pas d’accords chez Audi ou dans le groupe, ce sera ainsi et pas autrement. La Phaeton était une très bonne voiture, ce sera pourtant un échec cuisant. Avec un ticket d’entrée à 85 000 euros, la clientèle préférait l’étoile Mercedes, l’hélice BMW ou tout simplement les 4 anneaux du cousin Audi.
Belle, c’est un mot qu’on dirait inventé pour elle
Quasiment 20 ans ont passé et aujourd’hui VW revient avec une sorte de coupé haut de gamme à 4 portes. L’Arteon est surtout une réussite esthétique. Elle est belle en photo mais elle l’est encore plus en vrai. Le diable se cache dans le détail et pour le premium c’est pareil. Un pli de carrosserie par ci, une courbe sensuelle par là, le capot qui déborde sur les ailes, et on sait pourquoi on paye sa voiture aussi cher. Pour se différencier d’une simple Passat, la ligne de coupé évidemment, mais aussi 9 centimètres de plus en longueur ainsi qu’une teinte jaune curcuma du plus bel effet.
A l’intérieur par contre on reprend quasiment à l’identique la planche de bord de la Passat. Elle est réussie ça tombe bien, mais les amateurs d’originalité ou d’exclusivité devront repasser. Voilà pour la présentation, mais question finition et qualité de fabrication, il n’y a strictement rien à redire. C’est du grand art, les ajustements semblent calculés au micron, les plastiques sont doux comme un cul de bébé et l’aluminium semble taillé dans de l’argent massif. C’est propre, bien rangé, beau à regarder et à toucher. Voilà au moins un point sur lequel cette Arteon mérite son tarif.
La cible ?
Pour une fois qu’un constructeur nous invite à essayer quelque chose d’autre qu’un SUV on ne va pas cacher notre joie. Même si on ne sait pas trop si c’est un coupé ou une berline on est contents. Mais justement quelle est la cible de ce coupé ? Chez Volkswagen, on évoque le segment B premium, les Mercedes Benz Classe C ou BMW série 3, voire le segment C premium constitué des Série 5 ou Classe E. On vise aussi les Fastback Audi A 5 Sportback ou BMW Série 4 Gran Coupé. Une chose est sûre, c’est que l’Arteon devra être une arme de conquête.
Sur la route
C’est autour des roches rouges sur la côte d’azur que nous sommes venus tester l’Arteon. Pour affronter les lacets de la route de la côte, nous jetons notre dévolu sur la version R-line 2.0 Bi-TDI, 240 DSG7, 4 motion. Rien que ça. Il s’agit donc d’un 4 cylindres diesel, en version haut de gamme, disposant de 240 chevaux grâce à ses deux turbos et qui dispose à la fois de la super boîte auto DSG et de 4 roues motrices.
Dès les premiers tours de roue, et les premiers virages on sait qu’on va passer un bon moment. C’est agréable de mener à vive allure une berline sur une route tortueuse. A force d’essayer des SUV on avait oublié cette sensation. Le moteur de l’Arteon est hyper élastique, ce qui permet de relancer très efficacement après chaque virage. Le roulis est inexistant et les pneus Pirelli P Zero très efficaces avec leurs 245 de larges et 19 pouces de diamètre aident bien à tenir les 1828 kilos de la grosse bestiole.
Oui l’Arteon est lourde, très lourde, et même si ça ne se ressent pas vraiment dans la conduite c’est beaucoup. En tous cas ça ne semble pas perturber notre « coupé-berline » qui passe tout de même de 0 à 100 en 6.5 secondes. L’Arteon se place au millimètre dans les courbes et au vu de la taille de l’engin c’est une belle performance. Je le dis à chaque fois que j’essaye une voiture du groupe Volkswagen mais c’est toujours vrai au moment où j’écris ces lignes, la boîte DSG7 est la meilleure boîte automatique du marché. Diablement efficace, super agréable, sans à coups, et réactive elle permet de piloter dans les meilleures conditions. Les 500 Nm de couple obtenus à 1750 tours/minute offrent une réserve quasi inépuisable. On arrive à pleine vitesse sur les virages, on rentre dans la courbe sur les freins et on se voit projeté sur le virage suivant avec une facilité déconcertante.
Premium jusqu’au tarif
Vous l’aurez compris, l’Arteon n’a pas de gros défaut. Même son poids conséquent n’a pas d’incidence néfaste sur l’homogénéité de l’ensemble. En conduite normale vous ferez moins de 8 litres au cent sans sacrifier au plaisir de conduite. Vous allez vous dire que Boîtier Rouge s’est fait acheter en lisant ces lignes. Ce n’est pas le cas et je dois avouer que le coup de foudre bat de l’aile à la lecture de la fiche tarif.
Pour notre modèle d’essai on atteint les 54 820 euros, sans options. Comme vous n’êtes plus à quelques billets près, vous rajouterez bien l’Active info display et son écran digital à 610 euros, un GPS à 1740 euros, un pack easy open avec accès mains libres à 1230 euros et pourquoi pas un pack acoustique à 750 euros. Vous brûlerez 60 000 euros, le prix d’une résidence secondaire dans l’Orne ou la Creuse et soutiendrez à vous tout seul la croissance 2018 et le chiffre d’affaires du groupe Volkswagen. Voiture de cadre par excellence, parions que cette Arteon sera principalement louée par des flottes d’entreprise.
12 Comments
« parions que cette Arteon sera principalement louée par des flottes d’entreprise. »
Autant dire qu’on n’est pas près d’en voir…en jaune ! Sympathique initiative de la part d’un constructeur qui n’a que trop souvent juré par le gris, cela dit.
Et va peut être aussi bien se vendre aux USA ?
Aucun particulier désormais ne prendra le risque d’acheter une berline de 60 000€ dotée d’un 4 cylindres diesel. Les gestionnaires de flotte prendront moins de risque puisque VW leur reprendra à l’issue de la LOA, par contre elles subiront une forte décote ou partiront au pilon. Les « essence » de 190 et 280cv seront sans-doute plus vendeurs.
La différence de prix avec une Talisman 1.6 200cv est assez conséquente – les tarifs de la version 1.8 230cv ne sont pas encore annoncés.
Sinon une Audi A5 Sportback offrira une image « premium » et des prestations équivalentes pour un tarif inférieur.
Ça se vendra pas.
Les entreprises prennent Audi ou Volvo, pas vw.
Et puis elle est archi moche. Autant prendre la talisman au moins c’est pas mal pour une Renault.
Si j’a 60 000€ , le prix de cette caisse avec les options, j’achèterais une baraque à la place
J’en ai vu une à Huelva en Espagne, même couleur que sur les photos, elle m’a franchement déçu !
J en ai vu plusieurs en vrai et le rendu n’est pas désagréable.
Toutefois il s’agit d’une VW qui, chez moi, ne provoque aucune émotion.
Mon paternel ayant récemment acheté (loué en longue durée…) une Superb haut de gamme ce qui m’a frappé (outre il est vrai une belle qualité perçue) c’est que, garé derrière une Polo à une station service, de 3/4 avant on avait la même découpe de phares, les mêmes gimmicks stylistiques.
De même pour cette auto qui, si elle n’est pas vilaine, reprend nombre de codes Audi / VW. Mais comme le dit si bien l’article le diable se cache dans les détails.
Reste que, pour affirmer que la DSG est la meilleure boîte du marché… je ne suis pas d’accord.
Justement passé d’une TCT Alfa à la DSG (pas la dernière version, j’en conviens), j’ai largement préféré l’Alfa.
Longue vie à BR en tous cas.
Un coupé 4 portes ?
Ça s’appelle pas un berline ce genre de caisse ?
Sinon la R25 est un coupé 😀
J’en ai vu quelques fois dans la circulation parisienne, de derrière. J’ai essayé à chaque fois de retenir son nom, jamais réussi. « Artéon », quel nom à la con.
Que l’on aime ou pas les productions de VW, et je ne suis pas spécialement du genre à m’enthousiamer pour les filles de Wolfsburg… force est de reconnaître la qualité du travail fourni.
Je n’ai qu’aperçu vite fait l’Arteon à travers la vitrine du concessionnaire… parce que je n’y mets jamais les pieds. Pas envie de me faire alpaguer par un vendeur.
Et puis le chef des ventes doit être convaincu que le noir, c’est clâââsse.
Toutes les autos sont noires dans son show-room.
On croirait qu’il ne vend qu’aux Pompes Funèbres.
Bref.
Si l’Arteon est du même métal que la Tiguan, alors elle doit être admirable.
J’admire le Tiguan.
Pas pour ce qu’il représente, simplement pour la façon dont il est fait.
Il est im-pe-ccable.
Les nombreuses arêtes, les amples surfaces qu’elles délimitent.
D’une portière à un bouclier en passant par les feux, il semble monolithique, taillé dans la masse, tout s’aligne et se raccorde à la perfection.
Les jours entre les différents éléments sont fins et réguliers, parfaitement maîtrisés.
Je peine à mesurer la somme de travail nécessaire pour aboutir à ce résultat:
de la conception des pièces et de leurs assemblages, à la fabrication de l’outillage, jusqu’au montage final, à la chaine et en grande série!
Si l’Arteon est faite du même métal…
Dommage pour elle qu’elle ressemble autant à la Talisman.
En noir, il va être difficile de la distinguer de la grande Renault.
Heureusement qu’elle a une face avant à nulle autre pareille – en attendant qu’elle soit dupliquée à toutes les VW à venir selon l’habitude maison?
Je ne me prononce pas en revanche sur la fiabilité et la durabilité de la mécanique?
Rappelons que VW France ambitionnait l’année dernière de rentrer dans le top 10 des marques les plus fiables, aveu en creux… qu’ils n’y étaient pas!!!
A peine sortie, l’Arteon, et déjà 2 campagnes de rappel… (fixation du bequet arrière et roulement de roue arrière).
Belle voiture mais à quoi bon faire des voitures de plus en plus perfectionnées (et chères) si de toute façon on ne peut dépasser le 80km/h sur route? Ca ne reste qu’un objet statutaire qui coûtera cher en entretien et qui perdra de la valeur année après année.
Je rejoins un peu Emmanuel sur ce point… on va passer à 80 Km/H et force est d’admettre que peu d’entre nous vont sur des circuits ou sur autoroute allemande suffisamment souvent pour se faire plaisir.
Donc, l’avenir est de rouler en… ancienne !!!
(PS : article BR > Jaguar et la E-type électrique : le meilleur des deux mondes ??? )