Vous commencez à le savoir, j’aime les vilains petits canards, et je crois qu’en la matière, l’Alpine GTA V6 GT en est un beau spécimen ! Pas assez « berlinette » pour les amateur d’A110, moins « seventies » que l’A310 V6 (lire aussi : Alpine A310 V6), moins puissante que sa sœur V6 Turbo, et moins rare que l’Alpine A610 (lire aussi : Alpine A610), et est en outre la plus méconnue des Alpine.
Bref, a priori, la V6 GT est donc l’Alpine la moins désirable. Mais il faut se méfier des « a priori », car c’est aussi l’une des Alpine les plus accessibles, tant en terme de budget qu’en terme de maîtrise pour un pilote lambda comme moi, sans coup de pied au cul façon turbo, plus performante que son aînée A310 avec un PRV à la plus forte cylindrée (2,8 litres contre 2,7 pour l’A310) et forcément plus puissant de 10 ch (160 au total).
En effet que ce soit en V6 GT ou en V6 Turbo, les GTA (qui ne portent pas officiellement ce surnom qui n’était qu’un nom de code interne, pour Grand Tourisme Alpine) dérivent du même principe du châssis poutre que l’A310, amélioré bien entendu et avec une carrosserie elle aussi modernisée. Rappelez qu’à l’époque, elle avait ringardisé sa devancière avec son look très 80’s dessiné par Gérard Godfroy chez Heuliez. Ce cher Godfroy qu’on retrouvera à l’origine d’une autre marque de GT française, Venturi (lire aussi : Venturi 200 Cup221). J’ai tendance à préférer les lignes des Venturi, mais j’avoue aujourd’hui apprécier à nouveau celles de l’Alpine V6 GT !
Lorsqu’elle est présentée à la presse en novembre 1984, sa sœur Turbo n’est pas encore là pour lui faire de l’ombre. Si les progrès par rapport à l’A310 V6 sont salués, les performances sont jugées plutôt décevantes par rapport à celle qu’on voit peut-être à tort comme une concurrente, la Porsche ! Il faudra attendre la V6 Turbo et ses 200 ch pour être un peu plus à la hauteur, l’année suivante. ! Cela laissera à la V6 GT le temps de réussir ses meilleurs scores de vente (639 exemplaires en 1985) avant de retomber bien bas (et même seulement 31 exemplaires en 1990, dernière année de commercialisation).
Bon c’est vrai qu’entre sa propre sœur à moteur Turbo et la nouvelle concurrence de la Venturi 200, elle aussi dotée de turbos et de 200 ch, ses 160 petits canassons paraissent un peu léger. Pourtant, c’est dans cette configuration que l’Alpine est la plus cohérente : une GT véloce, pas une sportive. C’est sans doute ce que la clientèle adepte des productions de Dieppe lui reprochera le plus, reniantt ses origines pour s’embourgeoiser.
Au total, seuls 1509 exemplaires auront été construits (dont 1094 entre fin 84 et 1986, autant dire qu’elle est ensuite devenue anecdotique), contre près de 4895 V6 Turbo (hors Europa et sans compter les 21 exemplaires de GTA « US », lire aussi : Alpine GTA US).
Aujourd’hui, ses défauts de l’époque deviennent des qualités. Si l’on met de côté la finition très Renault et le drôle de tableau de bord, la V6 GT n’a pas aujourd’hui à subir la comparaison avec une concurrence germanique. Il faut la prendre pour ce qu’elle est, et apprécier sa plus grande polyvalence que la V6 Turbo par exemple. Son confort royal, son PRV éprouvé (et sans turbo), sa fiabilité, sa relative sobriété (cela reste un V6), son homogénéité, son design pas désagréable et qui vieillit pas mal avec les années, et surtout sa cote relativement faible par rapport à d’autres véhicules de la même catégorie, sont à prendre en compte au moment de se décider !
C’est en tout cas le moyen le plus simple et le plus intelligent pour entrer dans le monde Alpine sans trop de risques. Sûrement qu’avec le temps, vous viendra alors l’idée d’évoluer vers d’autres modèles de Dieppe, mais vous ne regretterez pas d’avoir commencé par cette V6 GT ! Peut-être qu’un jour les amateurs français d’automobiles arrêteront de dénigrer systématiquement les productions hexagonales pour s’apercevoir que, dans les années 80, c’était quand même bien cool de pouvoir choisir ne serait-ce que chez Renault en 1985 entre une R5 Turbo (lire aussi : Renault 5 Turbo), une Renault 25 V6 Turbo (avec 182 ch), une Alpine V6 GT ou une V6 Turbo : ça avait quand même de la gueule en concession !
16 Comments
En outre, grace à un poids contenu et une aérodynamique exceptionnelle, la V6 GT accélère fort sur le 0 à 100 et pointe à 235 km/h 😉
Ce que je veux dire par là, c’est que coté performances, la GT avec son V6 à carburateurs n’a pas à rougir face à la Turbo (250 km/ quand même…) ni même face à une Porsche 944!
Le tableau de bord, pour repoussant qu’il puisse être, compose un poste de conduite à l’ergonomie remarquable.
Une auto dont j’avais envisagé un temps l’achat: une Alpine, avec de la place à l’arrière pour un enfant en bas âge et l’excédent da bagages que le petit coffre n’aurait su aborder…
La V6 GT a du talent ! Aérodynamique exceptionnel et poids contenu, égale performances hors du commun rapportées à la puissance ! Je ne connais personnellement aucune autre voiture de série capable de rouler à 235 km/h avec 160 ch ! La Porsche 944, la vraie cible de Renault à l’époque est loin derrière ! Le seul reproche rétroactif que je pourrai formuler est que Renault n’ait pas eu l’intelligence de la faire évoluer en l’équipant du PRV « qui tourne rond » à injection apparue dès 86 dans la R25 (160ch) et la Peugeot 505 (170ch), les deux solex et le PRV boiteux jusqu’en 90 prouvent que Renault n’en avait que faire de cette voiture… Pour le reste et contrairement au « Boss » (hé hé) je trouve que Gérard Godfroy a été très inspiré en réalisant un dessin d’une grande finesse à la personnalité marquée, contrairement à la Venturi, certes très belle (peut être plus), mais très consensuelle. Quant au design de l’habitacle, j’adore, tellement 80′ !Même si la finition…. Il en reste aujourd’hui assurément une GT atypique, indestructible et pas trop chère, sauf au moment de changer les pneus… TRX !
En créant une évolution V6 GT Injection le prix aurait gonflé pour se rapprocher de celui de la turbo. C’est d’ailleurs certainement pour ça qu’à la conception Renault a préféré les deux carbus à l’injection de la 604 GTI.
Ces jantes, c’est quelque chose !.. Tellement moches qu’elles en sont attirantes. En tous cas c’est le détail collector ++ de ce modèle, à mon avis.
Pas la plus glamour ça c’est sur, mais une gueule de TGV. La Le Mans semble beaucoup plus harmonieuse.
Même avec le temps qui passe, je lui préfère la « gueule » de la version US.
La chaîne hifi vaut son pesant de cacahuètes!
Cette planche de bord décidément… La meilleure façon de rester concentré sur la route.
Finalement, avec le recul des années, Alpine c’était l’équivalent de Lotus de l’époque et non Porsche.
Je n’avais jamais fait attention car la cible à l’époque c’était Porsche, mais dernièrement j’ai fais le rapprochement.
La GT V6 avec ses 160 cv, avait (à peu prêt), la puissance équivalente de la Lotus Esprit atmo 4cyl 2,2L, de l’époque et la même puissance en turbo. Quand l’A610 est sortie, Lotus avait l’Esprit SE de 264 cv.
Et c’est là que l’on bascule, car si l’Esprit a eu un V8 en 1996 avec 350cv, l’Alpine aurait pu avoir une évolution de la 610 plus puissante, en plus d’une petite voiture de sport (Spider). Le rêve…
Que de temps perdues…
Oui tiens, la comparaison avec la Lotus Esprit est assez pertinente, je n’y avais pas pensé !
C’est une super chouette de voiture , plutôt fiable. Heureusement car bien que badgé Renault, il n’est pas toujours facile de trouver des pièces.
Esthétiquement, on aime ou on n’aime pas mais je trouve que c’est plutôt réussi et bien fini.
Intérieurement, c’est là que ça pèche , elle mérite beaucoup mieux que du « plastique ».
[…] En 1985, Renault-Alpine sort la V6 Turbo, plus connue des amateurs de la firme de Dieppe sous le nom de GTA. A cette époque, la firme Renault a encore de grandes ambitions aux Etats-Unis, où elle est devenu propriétaire du 4ème constructeur américain, AMC-Jeep (lire aussi : Eagle Premier). Malgré des défauts, la GTA fait beaucoup mieux que l’A310 (il s’en vendra entre 84 et 91 près de 6500 exemplaires, lire aussi: Alpine V6 GT « GTA »)). […]
[…] Ce qui est frappant avec cette voiture, c’est qu’elle préfigure stylistiquement l’A610 qui ne sortira que 5 ans plus tard. Lorsque les ingénieurs et les designers d’Alpine se penche sur une GTA version US , avec un budget de 180 millions de francs et l’ambition d’en vendre 1500, on est encore loin de l’A610 ultra performante que j’ai pu croisé récemment en Vendée (lire aussi : Alpine A610 Magny Cours ). Et pourtant, si le PRV ne sort pour cette version catalysée que 180 ch contre 250 pour l’A610, on est pas loin du tout en terme de style. Comme l’A610 n’est pas démodée, imaginez tout de même le choc de cette GTA à phares escamotables, à la ligne plus fluide qu’une classique V6 GT (lire aussi : Alpine GTA V6 GT). […]
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